jeudi 21 avril 2005

SAHARA (24) : FIN

A toi je peux le dire, en secret : au désert, j'ai retrouvé Vykos. L'ombre de sa présence s'était éloignée de mon esprit — un trop long temps s'était écoulé — Vykos menaçait de passer au rang de souvenir.
Au désert, il est revenu.
Au désert, il était l'un des seuls êtres à tenir le choc. L'un des seuls êtres, sans doute, à tenir la comparaison avec cette beauté cruelle, violente, impitoyable, inhumaine — cette beauté qui en Y*** provoquait une angoisse.
Je suis contente que Vykos et moi nous soyions rencontrés en plein désert. Je le sais à présent: cela fait sens.

Mon Dieu ! Je continue de lire les phrases de Jabès, et voilà que je trouve: "Le désert est bien plus qu'une pratique du silence et de l'écoute. Il est une ouverture éternelle. L'ouverture de toute écriture, celle que l'écrivain a pour fonction de préserver. Ouverture de toute ouverture."
Je crois à l'existence des familles d'esprit. Ces affinités-là sont sans doute les plus profondes, les plus intenses, les plus durables. Cliché. Pardon.
On en revient à ce que je te disais (il y a un siècle ?): le vrai lecteur est celui-là qui s'interrompt sur une page, stupéfait, y découvrant soudain, clairement imprimé, le secret de sa propre vie — ou de sa propre pensée. Corollaire et conséquence: le vrai lecteur, bien sûr, est un écrivain.

Jabès : "Un espace vide est, sans cesse, à combler. Nous n'aurons eu à nous débattre qu'avec l'espace."

"Le désert est le passé. Il est le futur. Il est un avant-monde et un après-monde."


21 avril.
Et que faire après le désert ?

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