Hôtel Tenere, chambre 109
Hier soir, j'ai eu un passage... mélancolique. Au sortir de ma douche, j'ai trouvé Y*** si bien plongé dans son bouquin de Sciences de l'Education qu'il ne répondait pas à mes questions, ne semblait pas même m'entendre. Comme si je me tenais ici, en plein Sahara, et que lui était déjà de retour à Marseille.
J'aime la saveur particulière de ces périodes de transition : bien sûr, ce sont des frontières. Mais Y***, lui, n'est pas à l'aise sur les frontières. Il lui faut être d'un côté ou de l'autre, pas dans cet entre-deux déstabilisant.
Alors je l'ai fui. Je suis allée me jucher sur un mur, face au désert et au vent tiède du crépuscule. Un lieu de frontière pour un temps de frontière. J'étais bien.
Plus tard, nous avons tous ri à nouveau. Dîné. Nous sommes couchés tôt. J'ai assez bien dormi, me suis éveillée souvent au cours de rêves variés — mais très européens.
Et maintenant ?
Un dernier passage dans les rues de Djanet, démarches, achats. Pas des moments que j'aime particulièrement. Ce n'est pas la première fois que je ressens cela : la frontière est une subtile alchimie, qui ne correspond pas souvent aux dernières heures d'un voyage.
Maintenant, de retour à l'hôtel, nous finissons de boucler les bagages et nous préparons à une longue, très longue attente à l'aéroport.
Maintenant j'écris. Il semble bien que ce soit le dernier, le seul, moyen d'occuper ces heures sans trahison.
Les muscles de mes jambes sont toujours un peu raides.
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