dimanche 17 avril 2005

SAHARA (19) : LE SYNDROME DU DERNIER JOUR (1)

Hôtel Tenere, Djanet.
Mon corps est las : je sens les muscles de mes jambes, raides et durcis. Mais je n'ai plus sommeil. Mon esprit est clair, mais je ne sais plus que penser. C'est la phase délicate : apprivoiser le retour.
Et je n'ai pas envie de rentrer, malgré tout. Les rapports d'un petit groupe clos étaient amusants : Y*** s'est diverti quelquefois à les analyser en termes ethnologiques. Et puis... c'était un temps de vacances. Je vais revenir au travail, aux obligations administratives (deux dès le lendemain du retour) ; je vais passer d'un système "primitif" mais confortable à un système complexe de désillusions. Je vais remplacer le rythme de la marche par celui... d'Internet.
Réacclimatation. Je sais bien qu'elle se fera très simplement, très naturellement, très vite. Mais j'arrête le temps : ici et maintenant, je n'ai pas envie de revenir.
Cette soirée apaisée à l'Hôtel Tenere pourrait se prolonger indéfiniment. Non : car elle sera, est déjà, faussée par la perspective du retour.
Dès le 4x4, tout à l'heure, C*** et Y***, à l'arrière, parlaient de l'IUFM. J'étais heureuse d'être devant avec A*** : plus inconfortable, certes, mais cela me permettait de rester.
Je t'écris assise sur le tapis entre les lits. Je n'ose pas m'asseoir sur les draps propres avec mes vêtements sales, et je ne veux pas me changer avant de m'être lavée.
Eau fraîche, et sans le goût chloré de l'Aquatab qui la purifie (indispensable sur le Plateau) : encore un plaisir simple et oublié.
C'est du même ordre, je le sais bien, que l'état d'esprit des retours de grandeur-nature. Pourtant il y a quelque chose de différent, quelque chose de plus, que je peine à identifier.

Le lieu : sur le Plateau, nous étions vraiment seuls, vraiment loin. A de longues heures de toute civilisation.

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