lundi 11 avril 2005

SAHARA (1) : LE DÉSIR DE DÉSERT

Dans l'avion.
Partir de R***
Ou de l'anti-R***, de ce désir de désert qui n'atteint pas tous les coeurs. Qui, alors ? Les poètes, les mystiques, les fous, les rêveurs.
Premiers mots du désert.
Il est cohérent, donc, qu'un épisode de Sandman se passe au désert, de part et d'autre d'une tempête de sable. Cohérent que les rêves (mais tous ?) soient pleins de traces de pas dans les dunes, de fennecs philosophes, du silence cristallin des nuits entre étoiles et sable. Parce que, justement, dans Sandman il y a sable.
Nous rêvons donc du désert, et ce "nous" n'inclut pas R***. Nous en rêvons à cause de cette insupportable et trompeuse pureté, nous en rêvons parce qu'il est l'anti-Europe, un voyage dans le temps autant que dans l'espace. Parce qu'il est un paysage minéral : de ceux où le temps peut, justement, se transcrire dans l'espace.
Je rêve du désert. Je l'ai lu, je l'ai écrit.
Souvenirs, traces. Ne pas oublier que le désert est un lieu de traces — paradoxal. Rien ne demeure plus longtemps que les traces dans les pierres. Rien ne s'efface plus vite que les traces du sable.
J'ai écrit les déserts de Rimbaud et de Burton : cette nécessaire quête de l'Extrême-Ailleurs qui se heurte à une impossibilité. Dont j'avais conscience et que j'écrivais aussi, même à 20 ans : "Même dans l’Extrême-Ailleurs, je restais des leurs — Occidentale."
Ils ont tous essayé de contourner cela, en apprenant l'arabe, en renonçant à leur passé, en se travestissant, en se convertissant à l'Islam.
Je n'ai aucune de ces portes. Je reste, quoi que je fasse, en vacances. Non seulement Occidentale mais Touriste.
Voir alors — quoi ?
Tout simplement ceci : est-ce que ce désert existe dans le monde réel ou seulement dans le Royaume des Rêves ? Voir les différences, et les ressemblances.
Ecouter.
Je vais écouter.

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