mardi 12 avril 2005

SAHARA (5) : UN LIEU DE TRACES

"Le désert — ai-je lu — est un lieu de traces."
C'est ce qui nous a frappés dans le paysage autour de la Grotte des Ambassadeurs. Et pas seulement du fait des peintures rupestres qui font la célébrité de l'endroit.
Décor : sable et grès.
Et au milieu, des traces d'animaux dans le sable, que Ch*** décrypte. Oiseaux — lézards — gerboises.
Des inscriptions dans la roche, du préhistorique au très récent... "touristique", en passant par l'arabe et le tifinagh (l'alphabet des Touaregs, il faudra que je t'en copie quelques exemples)
Puis des excavations rondes que l'érosion ne suffit pas à expliquer, sans doute creuse par l'usage humain, quand le lieu était habité.
Reculez pourtant de quelques mètres et vous ne voyez plus la moindre trace de civilisation. Juste ces roches qui n'ont jamais si bien porté le nom de chaos.
J'oubliais une trace moins fascinante : des bouteilles en plastique abandonnées. J'ai tâché d'en ramasser quelques-unes : dérisoire — nécessaire.

J'ai passé l'heure de la sieste à reconstituer l'alphabet tifinagh (tu sais que je ne peux pas résister à ce genre de défi). Résultat en fin de carnet.
Dans le livre de flore du Tassili de Ch***, nous découvrons la talulut : il faut savoir que Y** depuis quelques temps m'appelle "ma louloute". La talulut est "un superbe arbrisseau au feuillage persistant" avec de spectaculaires mais fragiles fleurs blanches ou rosées, des feuilles un peu coriaces, voire épineuses, qui aime les rochers et les fissures dans les parois à pic. Elle possède des propriétés médicinales contre les maux de tête ou... la gale des chameaux.
Y***, toujours flatteur, trouve cela parfait pour moi.
Il remarque que je me consacre à des activités intellectuelles et lui à des activités manuelles (il joue les petites couturières en coupant les fils qui dépassent du "costume local" rouge qu'il s'est acheté ce matin) et s'amuse de cette "juste répartition des tâches".

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