jeudi 14 avril 2005

SAHARA (10) : BESTIAIRE

Campement d'Essendilène
Hier.
Tout un passage à l'avant du 4x4, à la place du guide. Fenêtre ouverte, soleil et vent, le chèche blanc remonté si haut sur le visage qu'avec mes lunettes de soleil je devais ressembler à l'Homme Invisible.
Le paysage, je le prenais en pleine figure, littéralement. J'en perdais la parole. A cause du vent, à cause du chèche, tout mon corps soudain réduit à mes yeux.
(Je me suis perchée pour écrire au sommet d'un bloc de grès - un faucon crécerelle s'est perché, lui, sur le toit d'un 4x4 : il semble blessé et ne bouge pas.)
Hier aussi : arrivés au lieu d'un campement possible, nous (c'est à dire le guide et les chauffeurs) avons négocié avec le Targui qui était là, accompagné d'un minuscule chevreau noir. Biblique ? Le chevreau, adorable et affectueux, se laissait prendre dans les bras et venait poser son museau sur mon épaule, presque assoupi.
(Le faucon essaie de s'envoler. En vain.)
Hier encore : Y*** et moi nous sommes attardés à boire notre thé de fin d'après-midi, persuadés que nous pourrions rattraper les adultes* partis en avant dans le canyon.
Bien sûr, ils n'étaient pas du tout à portée de vue.
Alors Y***, révélant d'insoupçonnés talents de pisteur, a réussi à retrouver leur trace en suivant dans le sable, au crépuscule, les empreintes de leurs chaussures, avec la marque Reebok nettement imprimée à l'envers. Spectaculaire.
(J'apprends que le faucon, effectivement blessé à une patte et une aile, a été recueilli hier par nos chauffeurs et cuisinier, qui lui ont donné de la viande. Mais il n'arrive toujours pas à s'envoler, et... Nous partons. J'écrirai plus tard.)

* Je réalise que cela implique que nous ne sommes pas adultes : soit !

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