mardi 12 avril 2005

SAHARA (4) : CORPS EXPÉDITIONNAIRE

Les marches devant la chambre 111. Face au désert.

Se lever, se préparer, comme n'importe quel matin, puis sortir, et voir ce que je vois. Près à le toucher.
Désert, montagnes de pierre nue. Juste devant, grès arrondi par l'érosion aérienne : sculpture moderne. Des taches vertes : pas du vert usé de la garrigue, non, un vrai vert, vif de vie.
Les murs de l'hôtel à ma droite avec leurs contreforts. Pourquoi ces fortifications, partout, même dans un hôtel vieux de 10 ans seulement ? N'est-ce pas pour lutter contre le sable plutôt que contre des ennemis humains ?
Oiseaux : petits, sombres, criards.
Le ciel est d'un bleu-gris encore un peu voilé. Il fait très jour, mais agréablement frais.

Notes prises au musée de Djanet :
Le mode de construction des villages fortifiés appelés Ksar ou Aghrem : murs en bloc de granite, ou en schiste enduit d'argile (Tob), toits en palmes de Djerid pour l'aération : la fraîcheur en été, la douceur en hiver.
Quelque 100 maisons perchées au dessus de la palmeraie, chacune composée d'une cour entourée de chambres avec de très petites ouvertures.
(Je pense soudain à nous à Beaubourg, très loin d'ici, exposition Sophie Calle - je pense à sa classification des visiteurs de musée, parce qu'ici, à nouveau, carnet à la main, je joue les "fourmis")
Il y a bien sûr des tumulus, et aussi maints autres monuments funéraires (bazines, chouchets, tertres). Tous ceux-ci souvent construits en pierre, disques de roches concentriques, donc plus durables que les habitats des vivants, réalisés dans des matériaux... vivants, donc éphémères. J'aime l'idée.
Géologie : "un plateau découpé par les eaux et ramolli par les vents".
Le sens de lecture arabe, de droite à gauche, est particulièrement perturbant pour nos esprits occidentaux quand on a affaire aux dates de naissance et de mort de quelqu'un... Le traducteur du musée n'a d'ailleurs pas pensé à renverser cet ordre : la date de mort continue de précéder la date de naissance. Je suis restée fascinée plusieurs minutes devant ce constat.

Nous voici en corps expéditionnaire : C***, le Géologue, nous renseigne sur les roches, strates et socles, processus de l'érosion. Ch*** et M***, biologistes, identifient les arbres et fleurs du désert. Si miraculeuses, ces fleurs, minuscules merveilles colorées et vivaces, au milieu du sable. Blanches, jaunes, violettes. Le plus joli de leurs noms est le calotropis : celle qui se tourne vers la beauté. J***, physicien, explique les différences dans l'aspect de la Lune selon notre proximité de l'équateur.

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