lundi 17 avril 2006

SYRIE (5) : LA VILLE DE LA LANGUE QUI VIT & LA ROUTE DES PINS PENCHÉS

Eglise St Serge et St Bacchus, Maalula.
Maalula est le village où l'araméen survit, parlé, transformé, influencé par l'arabe. Langue réellement vivante, litanie de prières surtout, très loin des textes que nous chérissons, presque familière, non plus minérale et fossile mais organique et liquide. Vivante, oui.
Il est difficile de s'abstraire de la pensée d'Héloïse, de ne pas se demander comment elle aurait réagi en entendant parler, forcément déformée, la langue des érudits qu'elle avait apprise par écrit. Je pense qu'elle aurait été fascinée — après tout, le phénomène s'était déjà produit pour elle avec l'arabe.
Et durant le long trajet en voiture, vers Maalula, puis vers le Krak, mes rêveries se portaient toutes sur la Geste d'Héloïse et Vykos, d'un siècle à l'autre, de Derinkuyu à Washington.
Nous avons roulé le long de la Route des Pins Penchés. J'invente le nom mais pas le fait: les fameux pins d'Alep y poussent en biais, parfois à 45°. Le vent qui s'engouffre dans la Trouée d'Homs, à travers l'Anti-Liban, les empêche de pousser à la verticale. C'est un spectacle étonnant de rouler sur l'autoroute entre ces arbres courbés par un vent perpétuel, ou une vitesse perpétuelle, qui s'enlacent, s'appuient l'un à l'autre, nous font douter de notre verticale.

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