jeudi 20 avril 2006

SYRIE (17) - APAMÉE, PALMYRE - VERTÈBRES & MERVEILLES

Mais est-ce une preuve par l'exemple ou une preuve par l'absurde? Ou bien est-ce qu'Hélios a brûlé mes pupilles et mon front au point d'effacer tout ce qui précédait, renvoyant aux ténèbres Apamée, dont un archéologue rêvait de faire la Nouvelle Palmyre? Zénobie se vengeant d'Apama la Perse, épouse autrement soumise qu'elle à son Seleucos de mari?
Il était pourtant étonnant et long et spectaculaire ce cordo: car d'Apamée, d'une ville de 500 000 habitants et 50 éléphants de guerre, ne reste que sa colonne vertébrale, 2 kilomètres de vertèbres-colonnes aux chapiteaux corinthiens, et quelques consoles gravées, parfois de phallus.

J'ai chaud, encore. Hélios, malgré la nuit, semble avoir laissé sur mon front l'empreinte de ses doigts. Demain est en fait le dernier vrai jour de voyage. Samedi sera un fastidieux trajet de retour, avec lever aux aurores, attente à l'aéroport, et vol avec escale.
Dans une boutique de Palmyre recommandée par Loutfi, j'ai trouvé tout à l'heure les deux plus beaux objets du séjour, si beaux d'ailleurs que trop chers pour ma bourse. D'intéressants poignards à motifs floraux en os de chameaux — tu sais à quel point j'aime les armes blanches — et le plus bel astrolabe qu'il m'ait été donné de contempler. Une merveille. Une merveille à 600 euro, d'après le vendeur que Loutfi juge honnête.
Je te l'ai sûrement déjà dit: je déteste marchander. Et surtout, soyons honnête, je marchande extrêmement mal. Ma mère est plus douée. Moi... je ne sais pas. Un vieux fond de morale chrétienne? Un orgueil mal placé? Un malaise face à cet usage particulier du langage, à nul autre pareil? Je répugne à marchander, et y fais preuve, quand je m'y risque, de talents pitoyables. Hier, pour le cadeau de Y***, je n'ai obtenu de résultat que parce que j'étais convaincue de mon bon droit: donc je trichais, et ne marchandais pas.
Oh, l'astrolabe. J'en rêverai, ami, plus encore que de la hache.

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