Dans l'avion.
Aujourd'hui, évidemment, je vais bien. Je suis la seule à avoir entendu le réveil, à 3h30, et je me sens plutôt en forme. Il est 8h, heure syrienne, et j'ignore ce que nous survolons sinon une mer de nuages. Vus de dessus et de loin, à l'horizon, ils donnent réellement l'impression d'un relief, plus ou moins accidenté selon le nimbus (cumulus?) auquel on a affaire. Tout à l'heure, c'était une chaîne montagneuse, à présent, c'est plutôt un désert de glace.
Je pense au retour, à vous tous, et ce n'est pas une figure de style: depuis que nous volons, vous êtes tous passés dans mon esprit, tour à tour.
Je pense à tout ce que je n'ai pas écrit. Non: je pense à certaines des choses que je n'ai pas écrites. Aux plaisanteries de C***, rythme familier et bienvenu de nos voyages, à ses piques moqueuses, à sa façon de se gausser de tout ce qui est grandiloquent ou esthétisant ou sentimental, et de nous renvoyer au sol (ou au tapis). C*** n'est pas géologue pour rien.
Je n'ai pas évoqué non plus les cartes syriennes, si surprenantes à nos yeux, jusqu'à ce qu'on réalise ce qui manque: Israël. L'Etat hébreu n'a jamais été reconnu par le gouvernement syrien, et son nom n'apparaît sur aucune carte. A la place, on lit simplement "Palestine".
Avec notre orgueil de cartésiens occidentaux, nous tendons trop souvent à oublier que toute carte est une prise de position politique — ou philosophique, ou religieuse — et pas seulement une donnée scientifique. Dans les bouches non plus, même celle du tolérant Loutfi, on n'entend jamais le nom d'Israël. La Palestine, si. La Palestine est pour eux la Cause, et vraiment la majuscule est audible.
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