Hôtel Diderot, Chinon
Pas à Chinon. Chinon est pleine d’Histoires, déborde de noms propres, de rois, de dates — parfois de tombes.
J’ai parcouru cette ville autrefois, fillette, dans les pages des Catherine de Juliette Benzoni. Chinon est une des villes de Jeanne d’Arc et de cet étrange et surnaturel épisode de la Guerre de Cent Ans, qu’on ne s’explique toujours pas. Mes yeux se posent sur la tablette et sur les livres : Jeanne d’Arc a aussi joué les rois Arthur en rêvant d’une épée promise par les Saints, qui fut trouvée dans une niche de l’église annoncée. La Pucelle est si bardée de symboles qu’on ose à peine y croire.
Un autre rival d’Arthur, Henri II Plantagenêt, a aussi habité et fortifié Chinon, est même venu y mourir.
Ce n’est pas un bon chapitre : trop de visites, aujourd’hui, y compris Azay-le-Rideau dont je n’ai rien dit, malgré le charme de ce château surgi des eaux de l’Indre.
Des bribes, donc. Certaines journées de voyage, et certains récits de journées, sont ainsi : des kaléidoscopes, sans fil conducteur, sans dessein.
Une dernière : nous dressons petit à petit le palmarès de nos restaurants et de nos guides de visites. Ce soir, à Chinon, nous avons dîné merveilleusement à l’enseigne de l’Ardoise, recommandée à l’hôtel par le fort gay spécialiste des confitures maison (encore une gourmandise), qui a convaincu mon Aimé de se lancer à son tour dans leur confection. Ce matin, à Azay-le-Rideau, sous la pluie pour la première fois, nous avons été guidés par une débutante avec laquelle nous fûmes peu charitables. Nous n’avons pu nous empêcher de réagir quand elle a déclaré tranquillement qu’Henri III avait fait assassiner le duc de Guise à la Saint-Barthélémy…
Je me dédis : voici l’ultime bribe, que mon Amour me rappelle à juste titre. Les « culs de lampe moulurés » (ou lampes à cul mouluré ? Ce serait encore plus suggestif) qu’annonçait la description d’une salle de la forteresse de Chinon. Je ris. J’aime quand nous rions.
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