Et pourtant la Loire coule, l’herbe verdoie, les demeures se couvrent de lierre ou de vigne vierge. Et pourtant l’harmonie demeure sous les murs de l’abbaye, les vieilles courbes de pierre, les reflets des vitraux, la douceur particulière de l’herbe qui pousse auprès des ruines et des églises. Et pourtant le parvis de Notre-Dame, ses lumières nocturnes, le tilleul unique qui s’y dresse, et pourtant le jardin médiéval devant la demeure de Dunois, Dunois le Bâtard, compagnon de la Pucelle. Héloïse serait émue de voir ce jardin et la façon dont se créent les liens, loin au-dessus des sens humains.
Mais le Chat a bâti le Pont, et on ne peut changer cela. Il est au moins un édifice qui le sait, à Beaugency. Le Donjon solitaire qui se dresse dans la vieille ville, sans musée ni château ni jardin, ses fenêtres ouvertes sur la nuit, sa verticale grimpant dans le vide. Grave à vous serrer le cœur, triste et seul et sombre, avec le poids du désert présent et des guerres passées, et le prix du Diable. Le rappel de ce prix, et qu’il n’ôte rien à la beauté. Au contraire. Les Chats, et les Diables, sont des esthètes : le Donjon aussi est beau, comme l’étaient les ténèbres de la Tour de Haute-Sorcellerie au cœur de l’écrin de Palanthas.
Le carillon sonne, et la comptine ressemble à un glas : Mes amis que reste-t-il / À ce Dauphin si gentil… ?
Mais les Amoureux s’embrassent aussi sous les Donjons.
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